Olivier Legrand

Je peins là ou je suis, si ]’étais sur Mars je peindrais des canyons de pierres rouges et l’engin grâce auquel j’y suis parvenu. Là ou je demeure, dans ce village des Alpes, je peins ma femme, ma fille, le ciel, les montagnes déchirées et les outils de mon atelier.

Issu d’une célèbre famille de musiciens, j’ai été élevé par ma mère peintre avec mon frère, écrivain. Dessiner, peindre, était un langage, et un travail. Un artiste fait attention à ce que l’on ne remarque pas, et l’ordinaire devient important. Comme pour la musique et l’écriture, la connaissance et la technique en peinture, sont nécessaires à libérer la spontanéité. Après avoir vécu et exposé à Paris, le courant hyperréalisme des années 80 dont je faisais partie, me poussait à émigrer aux Etats-Unis où je vécus 15 ans à réaliser de nombreux paysages, des fresques, les portraits de mes enfants, de mon entourage et des commandes de collectionneurs. De retour en France, j’ai choisi la solitude des montagnes des Alpes maritimes pour un travail plus méditatif. Cette série de tableaux représente pour moi des «portraits» de paysages urbains, car je n’ai jamais peint de lieux que je ne connaissais pas, ou qui n’étaient pas reliés à mon vécu. Je suis peut être une sorte de peintre intimiste, des amis artistes me définissent en souriant comme un «réaliste émotionnel».